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Mohamed Sam Jichi, dit «Sam l’Africain» a été arrêté et placé sous
mandat de dépôt le 17 mars 2017. Il est incarcéré à la Maca d’où il viendra, le 31 mars prochain, répondre devant le tribunal de l’accusation «d’incitation à la haine tribale, à la xénophobie et à la révolte des militaires». Ses propos qui sont en cause sont tirés d’une
vidéo publiée sur Internet à la suite d’un meeting politique
tenu dans la commune de yopougon.Au cours de ce rassemblement,
il s’est permis un commentaire sur ses origines et celles d’Alassane Ouattara. «Si je suis Libanais alors Alassane est Burkinabé. Parce
qu’Alassane et moi, on a le même statut : il est Ivoirien, je
suis Ivoirien. Il a une partie ivoirienne, j’ai une partie ivoirienne.
Mais, lui, sa femme n’est pas Ivoirienne. Moi, au
moins, ma femme est ivoirienne », s’est-il amusé devant
le petit public présent à ce meeting. Pour montrer que l’attachement de sa famille à la terre ivoirienne est plus fort
que celui du couple Ouattara,il a ajouté que pendant la mutinerie
militaire du début d’année, «la première personne à
quitter la Côte d’Ivoire» est la femme du chef de l’Etat. Il apporte
même la précision que ce jour-là, elle serait passée
par la route pour rejoindre le Ghana, car en Côte d’Ivoire le
trafic aérien connaissait des perturbations. Il en déduit
alors que c’est la preuve que «demain s’il y a problème ici,
elle va nous laisser pour partir ». Selon lui le pouvoir actuel
tient à un fil, «il reste à le couper et puis il descend». Il se
dit confiant que bientôt ce sera le cas. Il dénonce par ailleurs
le tribalisme à la tête de l’Etat en exprimant sa gêne devant
le fait que «le Président de la République, le Premier ministre,
le président de l’Assemblée nationale, le Président de
la Cour constitutionnelle, le président de la Cei, le Chef
d’Etat-Major…» soient tous du nord de la Côte d’Ivoire.
Néanmoins, Sam l’Africain n’en fait pas son plus grand
souci. Pour lui «c’est comment faire pour se lever comme un
seul homme et dire non à Monsieur Alassane Ouattara» à
cause de sa gestion du pays.Car malgré sa renommée
d’économiste hors pair, il n’a pu faire mieux que Laurent
Gbagbo, «professeur d’Histoire » qui a hérité d’une Côte
d’Ivoire croulant sous une dette de 6000 milliards FCFA,
mais qu’il a relevée sans aide extérieure.
Sam l’Africain prête le flanc En somme Sam l’Africain, dans
sa vidéo, remue sans rien inventer des idées qui alimentent,
depuis bien longtemps maintenant, les causeries politiques
en Côte d’Ivoire. Même dans les cercles les plus
proches de Ouattara, le débat sur les origines du chef de
l’Etat n’est plus aussi tabou qu’il l’était avant son ascension
à la tête du pays. Tout le monde sait, à commencer par
ses propres partisans, que la nationalité d’Alassane Ouattara
ne fait plus recette.
Mais pourquoi le président de la Nouvelle Alliance de Côte
d’Ivoire pour la Patrie (Nacip) a-t-il été arrêté ? La raison est
en effet ailleurs. Elle est liée à son témoignage dans le procès
contre Laurent Gbagbo à
la CPI. On se souvient qu’appeler à témoigner contre l’ancien
Président ivoirien, dans l’espoir qu’il confirmerait les
accusations de la CPI, Sam l’Africain avait, à la surprise
générale, tenu des propos très conciliants envers Laurent
Gbagbo. Il avait déjoué tous les pronostics en disant de
Gbagbo que «l’homme que je connais a toujours voulu lutter
pour la souveraineté totale de la Côte d’ivoire. Et je pense
que c’est pour ça, aujourd’hui, qu’il se retrouve ici». Et il
n’avait pas hésité à porter l’accusation contre les accusateurs
eux-mêmes : «Il y a l’Onu, il y a l’Union européenne,
c’est des gens qui se mêlaient des affaires intérieures
de la Cote d’Ivoire. Et ça, le Président en aucun cas
ne pouvait accepter ça. Selon nos informations, les rebelles
ont été transportés par les chars de l’Onu, discrètement».
De la façon la plus inattendue Sam l’Africain a dévoilé la
complicité entre la communauté internationale et les rebelles
qui ont pris les armes en Côte d’Ivoire pour installer
Alassane Ouattara au pouvoir.
Avant son arrivée à la CPI, il avait été décidé de le faire témoigner
sous anonymat, mais une erreur technique avait fait
dévoiler son identité plus tôt.
Le masque tombé, il va témoigner à visage découvert. Certains
observateurs de la scène publique lui prédisaient des
jours difficiles à son retour en Côte d’Ivoire. Il croyait avoir
trouvé la parade à cette menace évidente à prenant aussitôt,
dès son retour, le parti d’Affi N’Guessan dans le
débat entre les pro-Gbagbo et les anti-Gbagbo. Mais le mal
était déjà fait et le pouvoir ne guettait désormais qu’un moment
favorable pour lui faire payer son outrecuidance. La
vidéo incriminée n’est donc qu’un prétexte pour refermer
sur lui le piège ouvert depuis
son passage à la CPI.