L’information est venue sous forme d’une alerte
laconique : ‘’2500 fonctionnaires décédés, considérés
comme étant en activité de 2012 à 2016. Cette situation engendre
une perte de 5 milliards FCFa à l’etat ivoirien’’.
Une telle information mérite que l’on s’y attarde quand le chef de
l’Etat et ses ministres prennent du plaisir à brocarder l’ancien
régime à chaque (lamentable) discours, évoquant une décennie
Ce n’est pas tant le montant perdu par l’Etat qui importe que
le fait que ces personnes se retrouvent sur la liste des salariés
de l’Etat lors qu’elles ont été régulièrement
déclarées décédées ?
et agents de l’Etat a été lancée officiellement le 29
août 2011. Gnamien Konan, alors ministre de la Fonction publique
et de la Réforme administrative,
indiquait clairement, et avec un ton menaçant, que
tout fonctionnaire ou agent de l’Etat non recensé ne figurerait
pas sur le fichier unique Solde-Fonction publique et, par
conséquent, ne serait pas payé.
Pour se faire recenser, le fonctionnaire et agent de l’Etat devait
retirer une attestation établie à son nom, la faire viser
par ses deux responsables hiérarchiques pour attester sa présence
effective dans un service de l’Etat et la ramener au lieu de
recensement. Il devait se présenter avec un certificat de
prise de service et un arrêté de
nomination. Ce qui lui garantit d’être pris en compte par la
Solde. Et quand il est effectivement
en activité, il est noté et
bénéficie d’avancement ou non
selon l’appréciation de ses supérieurs hiérarchiques. Toutes
ces étapes ne peuvent se réaliser que parce qu’il est vivant.
Quand un fonctionnaire ou
agent de l’Etat en activité ou à la retraite décède, s’applique
obligatoirement l’arrêté interministériel
n°
2 5 2 / M F P R A / M E M I / M E -
MEASS/MEF du 13 aout 2012,
portant déclaration obligatoire des décès des fonctionnaires et
agents de l’Etat en activité ou à la retraite. Cet arrêté donne
obligation à l’ayant-droit de déclarer le décès du parent fonctionnaire
ou agent de l’Etat auprès des ministères en charge de la Fonction publique,
en charge de la Prévoyance sociale et en charge de l’Economie
et des Finances. Or, pour
matérialiser le décès du parent,l’ayant-droit présente la copie
de l’acte de décès ou l’extrait
d’acte de décès. Ce qui sousentend que le constat du décès
d’un fonctionnaire ou agent de
est automatiquement rayé des
effectifs de la Fonction publique. Alors comment un gouvernement
‘’rigoureux’’ de ‘’travailleurs’’
n’a-t-il pas pu déceler 2500 cas de décès, en quatre
années d’exercice, après deux opérations de recensement des
fonctionnaires et agents de
l’Etat, là où il a réussi à découvrir, en 2015, que près de 2300
fonctionnaires étaient des agents fictifs ?
Une bonne enquête administrative devrait situer les responsabilités
au lieu de se cacher derrière une annonce comme si
le sujet n’était pas important. Il faudrait que l’Etat dise aux Ivoiriens
où se trouvent ces 5 milliards FCFA puisqu’ils ne sont
pas dans ses caisses