«Nous avons environ 300 prisonniers de la crise post-électorale qui croupissent éparpillés dans 11 prisons sur le territoire national. ils sont tous malades, mais il y a une vingtaine de grands malades. Sur les 300 prisonniers de la crise post-électorale encore détenus, il y en a 93 qui sont condamnés. le reste n’a pas encore vu de juge depuis leur détention qui dure des années», a dénoncé Simone Kouamé épouse Datté, la pré- sidente du Collectifs des femmes et parents des détenus de la crise post-électorale (COFED). Elle a animé une conférence de presse, le mardi 29 mai dernier, à Cocody, pour s’attaquer aux manœuvres dilatoires du pouvoir Ouattara. Qu’en est-il de la présomption d’innocence pour ces nombreux détenus qui n’ont jusqu’à ce jour pas eu le privilège de passer devant un juge, s’interroge-t-elle : «Cette présomption d’innocence chère au gouvernement ivoirien quand il s’agit de l’inculpation des ex-chefs de guerre proches du président Ouattara. Nos parents sont aussi des présumés innocents, puisque la preuve de leur culpabilité n’a pas encore été apportée. Pourquoi les chefs de guerre de Ouattara, présumés innocents, sont en liberté, alors que nos parents, également présumés innocents, croupissent en prison ? la justice ivoirienne est partiale». «Suite au discours à la Nation du chef de l’Etat, le 31 décembre 2015, dans lequel il annon- çait la libération de 3100 prisonniers par grâce présidentielle, nombreuses sont les femmes des détenus que nous sommes, qui ont nourri l’espoir de voir leurs époux humer enfin l’air frais de la liberté. Hélas, nous avons été témoins d’une manœuvre dilatoire, car selon le gouvernement cette grâce ne concernait que des prisonniers de droit commun», s’est-elle insurgé. Selon elle, un prisonnier de droit commun est une personne emprisonnée par un tribunal pour avoir commis des gestes ou actions punis par une ou plusieurs lois ou règlement étatique. «Si tant est que nos époux ne sont pas des prisonniers politiques, mais des personnes qui ont attaqué des commissariats et des gendarmeries comme 1e chef de l‘Etat a tenté de le faire croire le 1er mai dernier, cela signifie qu’ils sont des prisonniers de droit commun pour avoir commis des actions punies par les lois du pays. Dans ce cas, pourquoi tous ces prisonniers taxés d’être des partisans de laurent gbagbo ne bénéficient-ils pas, à l’instar des 3100 personnes, de la grâce présidentielle ? trois années après cette annonce aux allures de fanfaronnade mé- diatique, c’est la croix et la bannière pour nos époux et parents détenus», a-t-elle fait savoir. A ce jour, dénombre-t-elle, «Koffi N’Dri Boniface, Pékoula Joël, assemien Martin, Kouya gnépa Eric, Djékouri aimée, Kouatchi assie Jean et Boyo Jean Paul, tous détenus de la crise postélectorale sont morts en prison». Elle poursuit pour dire que «goulia tohoua alphonse, Séry Joseph, Dodo Eliazar Séry Zoko, Kaphet gnako aimé, Djiho Jean, N’guessan N’guessan Victorien, Mahan gahé Basilé, ont succombé, quant à eux, aux traitements inhumains qu’ils ont connus quelques mois après leur libération». Elle a également dénoncé les disparitions de dossiers des prisonniers du fait de leurs transferts multiples et les traitements inhumains que veux-ci subissent à la Direction de la surveillance du territoire, (DST). Les arrestations arbitraires, ré- vèle-t-elle, sont monnaie courante. «ainsi, Madou Zadi Yadé, Kouamé Kessé Jean Paul et Natoua taudoua rodrigue ont été arrêtés les 25 et 27 avril 2018 par la Direction de la Surveillance du territoire (DSt). torturés, ils ont été placés sous mandat de dépôt le 4 mai dernier», fait-elle savoir. Toujours selon elle, le cas de Jean Gervais Tchéidé, incarcéré, récemment, pour «troubles à l’ordre public», puis maintenu en prison à la suite d’un mandat d’arrêt fantaisiste datant de 2013 suffit à comprendre la volonté de museler l’opposition politique. «M. le président, qu’est-ce qui vous fait tant peur ? Nos époux et parents, détenus politiques ne représentent nullement une menace pour la paix à côté de votre armée mexicaine gré- viste devenue trop bavarde pour des primes. au contraire, la libération des prisonniers politiques vous fera entrer dans l’histoire (…) Si la mort des détenus anonymes peuvent vous sembler indifférente, n’ayez pas la mort de Simone gbagbo sur la conscience. N’ayez pas la mort de laurent gbagbo sur la conscience. N’ayez pas la mort de lida Kouassi Moïse, assoa adou, Samba David... sur la conscience», a-t-elle conseillé.