Guillaume Soro est dans une stratégie de prise du pouvoir.

Sortie de Soro, revendications des ex-rebelles
Vers des menaces sur les jeux de la francophonie
Simple bandage des muscles ou la fin prononcée de l’idylle entre les excombattants de la rébellion, leurs responsables politiques et
Alassane Ouattara ?
Le mariage ne résiste plus aux chocs des ambitions, au fur et à mesure
qu’approche la fin du mandat présidentiel. Comme bien coordonnées,
les sorties se multiplient de part et d’autre, visant le même objectif, mais traitant malicieusement des sujets différents.
En janvier 2017, le scénario a si bien fonctionné que Soro Guillaume
qui était donné pour ‘’déchu’’ de la présidence de l’Assemblée nationale a conservé son poste faisant un pied de nez à tous ses rivaux, et
principalement les dirigeants du RDR qui avaient refusé d’en
faire un des leurs dans le cadre des positionnements dans le
système. Pour avoir gain de cause, ils avaient bénéficié du
soutien des ex-combattants qui,comme actionnés par une main
invisible, s’étaient lancés dans des revendications jusque-là tenues
secrètes, et y avaient associé le maintien de Soro à la
présidence de l’Assemblée nationale.Aujourd’hui, on remet le
couvert. A Bouaké, comme toujours,
des ex-combattants démobilisés et regroupés sous le
matricule 39 menacent de prendre la rue dans les jours à venir
s’ils ne sont pas pris en compte dans la distribution des primes
de guerre accordées en janvier dernier à leurs collègues de
l’ex-rébellion qui eux, doublement chanceux, ont été intégrés
dans les Frci. Le groupe ‘’39’’n’entend pas négocier sa détermination
à obtenir satisfaction dans des délais raisonnables.Comment comptent-ils s’y prendre ?
Publiquement ils se disent prêts à occuper la rue et résister,
s’il le faut, à toute tentative visant à les en déloger par la
force. Ils espèrent qu’ils n’en arriveront pas là avec
«leur papa Ouattara qu’ils sont prêts à défendre en toutes circonstances ». Néanmoins, disent certaines indiscrétions, si cet
optimisme est douché par un refus du chef de l’Etat ou même
par des promesses à long terme, les ex-combattants envisageraient,
comme dernier recours, de se faire entendre par des bruits de botte pendant les jeux de la francophonie dont l’ouverture est prévue à Abidjan dans la deuxième moitié de juillet 2017. Cette dernière menace
est-elle plus sérieuse que toutes les autres ? En tous les cas, les
supplications dont sont l’objet les ex-rebelles pour renoncer à
leurs revendications en disent assez sur la crainte du pouvoir
Ouattara de subir de nouvelles secousses après celles de janvier.
Les autorités sont à pied d’oeuvre pour désamorcer la
bombe. Mais la sortie de Soro Guillaume, par son cabinet interposé,
dit-on, aurait accentué la pression chez les proches de
Ouattara. Par un communiqué rédigé «sur ses instructions», le
cabinet du président de l’Assemblée porte violemment sur
la place publique, sans le dire, le débat de la succession à la
tête de l’Etat qui fait pour le moment rage, à l’ombre d’Alassane
Ouattara. «il considère qu’il est indécent et inopportun de s’incruster
dans un débat sur d’hypothétiques et évanescentes
ambitions obsessionnelles pour 2020», écrit son cabinet. Mais
plus personne ne veut se laisser surprendre. «Car en vérité, la
ruse consiste toujours à jouer le mort d’un côté pendant que de
l’autre une menace pressante d’armes fait craindre la déstabilisation
aux adversaires, qui pour sauver l’essentiel sont obligés
de lâcher le morceau», explique un cadre du RDR selon
qui la coïncidence des déclarations de Soro et les menaces
des ex-rebelles n’est que trop parfaite. «Si cela a bien marché
en janvier 2017, pourquoi changerait-il de stratégie alors
qu’une fois encore le choix de Ouattara se s’est porté sur
quelqu’un d’autre que lui, en l’occurrence Amadou Gon
Coulibaly, pour lui succéder en 2020 ?» Ils sont en effet nombreux
à refuser de croire que Soro Guillaume s’effacera au
profit d’un autre à l’élection présidentielle sans Ouattara
comme candidat du groupe .