Le phénomène des enfants armés de machettes et de couteaux appelés « microbes » ou enfants en conflit avec la loi pour masquer juridiquement la réalité devient de plus en plus inquiétant à Abidjan et à l’intérieur du pays. A Abobo, l’une des communes les plus peuplées de la capitale économique ivoirienne, les « microbes » sévissent toujours, au point que des habitants, excédés par les agressions violentes et meurtrières, sont entrain de créer des comités d’autodéfense.
Selon un habitant du sous-quartier Agbékoi, situé non loin du lycée moderne, des « microbes s’affrontaient » à la machette, quand quatre policiers à moto sont arrivés. « Les populations ont poussé un ouf de soulagement, quand elles ont vu les policiers passer, assis à deux sur une moto, avec des kalachnikovs en bandoulière. Quelques minutes après, nous avons vu les policiers revenir à pied en courant. Les microbes les ont poursuivis jusque hors du quartier, » explique ce témoin des faits. Et de poursuivre : « Des policiers sont venus plus tard dans un cargo de la CRS chercher les deux motos abandonnées par leurs collègues. » Un policier du 15ème arrondissement d’Abobo explique qu’il leur est interdit de tirer sur ces gamins armés de machette, tant qu’ils n’ont pas été les premiers à ouvrir le feu. Il arrive même, ajoute-t-il, qu’il y ait des interventions après des interpellations de « microbes ». Un autre habitant raconte que des « microbes » se sont attaqués récemment, aux environs de 19 h, à des fidèles musulmans de la mosquée blanche, située sur la route d’Anyama, à quelques encablures de la brigade de gendarmerie. De nombreux habitants d’Abobo sont unanimes à reconnaître que ces gamins armés utilisés par des adultes tapis dans l’ombre. Les opérations d’éclats menées par la police et la gendarmerie n’ont jamais endigué le fléau des « microbes ». Il est à craindre que l’impunité dont jouissent les « microbes » ne conduise, tôt ou tard, à la loi du talion, à un désordre généralisé au regard des groupes d’autodéfense qui se mettent en place.