Transféré lundi à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) pour « complot contre l’Etat », Souleymane Kamaraté dit Soul To Soul, le chef de protocole du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, a assuré mercredi être en prison “à cause des armes’’ qui ont permis au chef de l’Etat Alassane Ouattara d’accéder au pouvoir.
“Quelle est cette aberrante histoire d’armes dont on veut me faire à tout prix le détenteur exclusif ? Où aurais-je pu trouver l’argent pour les acquérir ? Comment tout seul, j’aurais pu les entreposer dans ma maison? Je n’en connais même pas les calibres ni la quantité’’, s’est interrogé Soul To Soul, dans une lettre critique contre M. Ouattara, publiée sur le site de son patron, Guillaume Soro.
Soul To Soul a été écroué lundi après son audition dans le cadre de la découverte en mai d’une cache d’armes (environ six tonnes) dans sa résidence lors d’une mutinerie à Bouaké (centre), a annoncé le procureur Richard-Christophe Adou, devant la presse au palais de justice d’Abidjan.
Un stock d’armes avait été découvert à Bouaké, alors secoué par une mutinerie de soldats, dans une maison présentée comme lui appartenant. Il avait plusieurs fois été auditionné à la section de recherches de la gendarmerie à Abidjan mais était rentré à chaque fois libre chez lui.
« Je suis en prison à cause de ces armes qui ont mis Alassane Ouattara au pouvoir », a-t-il écrit, disant être “victime’’ de lui-même pour avoir accepté “de céder (sa) maison pour que les militaires s’en servent comme base logistique pour leurs opérations’’ pendant la crise post-électorale, lorsque M. Ouattara et ses proches, dont M. Soro et Soul To Soul, étaient “reclus au Golf’’ hôtel d’Abidjan.
“J’aurais dû dire Non’’, regrette-t-il, avant d’ajouter : “moi je suis en prison à cause de ces armes qui ont mis Alassane Ouattara au pouvoir’’.
Dans sa lettre, Soul To Soul ne tarit pas d’éloges à l’égard de Guillaume Soro, un patron “qui ne (l)’ a jamais trahi’’, qu’il “aime’’ et pour lequel il est “prêt’’ à mourir.
“Je dois quand même dire que j’ai un regret. Un seul regret (…) C’est de n’avoir pas pu voir et dire au revoir de vive voix à Guillaume Soro, mon Patron que j’aime ! C’est de n’avoir pas pu parler à ma femme, à mes enfants et à ma mère souffrante’’, déclare-t-il.
Du fond de sa cellule, Soul To Soul invite, toutefois, ses proches à “ne pas pleurez pour (lui)’’. Lui, qui “accepte (son) sort’’ actuel et “ne regrette pas d’être en prison’’.
Pour lui, son bourreau n’est autre qu’Alassane Ouattara : un “homme qu’ (il) a adulé’’ et pour lequel il a “tant de fois failli mourir’’ dans le passé pour le soutien à sa cause d’opposant.
“On m’informe que c’est mon leader, l’homme que j’ai adulé pendant longtemps: Alassane Ouattara, l’homme pour qui j’ai tant de fois failli mourir, qui m’expédie en prison’’, analyse-t-il avant de conclure plus résigné :
“Si le même Alassane Ouattara estime donc aujourd’hui qu’afin d’être un grand Président, il faut que j’aille séjourner en prison, que sa volonté soit faite’’.
Selon lui, Guillaume Soro est en réalité celui que le pouvoir « vise » à travers son arrestation.
“Aujourd’hui, à cause de mon patron Guillaume Soro, je suis en prison. Parce que ce n’est pas moi qu’on vise! C’est mon patron qu’on cherche. Et moi le petit, je dois payer! Est-ce parce qu’on estime qu’il serait un obstacle au 3ème mandat d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire en 2020 ?’’