Laurent Gbagbo, le 5 octobre dernier à La Haye : Je ne trouve pas irrationnel d’être ici. Je suis même fier d’être celui que l’Histoire a choisi pour porter la charge du changement

Sur leur page facebook, Clotilde Ohouochi et Eric Kahé, anciens
proches collaborateurs de Laurent Gbagbo dont ils ont été des ministres, ont le témoignage dithyrambique, comme si un
bonheur continuait de les parcourir. Alors, à ce jeu, c’est
avant tout le chargé de mission de Laurent Gbagbo désigné
pour sélectionner les visiteurs qui est couvert de gratitude.
« Merci à Jo Mamadou, le chef d'orchestre de cette visite mémorable qui a su mettre en musique chaque articulation de
son déroulement », pour Clotilde Ohouochi, « merci à mon
cher frère Jo Mamadou » pour Eric Kahé qui qualifie « ce 5 octobre
2015 » de « sacrée journée » et qui assure que « tout
ne fait que commencer » après palpé, pour ainsi dire, la détermination de l’ancien chef de l’état.
Les deux personnalités ont d’abord été reçues ensemble,
puis chacune a eu une séance de travail avec Laurent Gbagbo
qui, selon l’ex-ministre de la sécurité sociale, « se porte
comme un charme ». Et d’en conclure que ce sont les actes
de dévotion des Ivoiriens ainsi que leurs prières qui font un tel
effet sur le président Gbagboqui est devenu encore plus
beau. « Frais, reposé, aminci mais non amaigri, Laurent
Gbagbo porte fièrement et superbement ses 70 printemps.
Du coup, mes craintes et appréhensions fondent automatiquement
et définitivement.
Chers Ivoiriens, chers africains, citoyens du monde et amis de
Laurent Gbagbo, grâce à votre soutien sans faille et à vos
prières ardentes, le Woody tient.
Dans une ambiance des grandes retrouvailles, entrecoupée
de rires et de tapes amicales, sous le regard bienveillant et déférent du personnel pénitentiaire, les 4
heures d'audience, dont une consacrée à un tête-à-tête entre
le chef et moi, s'égrènent sans que nous ne nous en rendions
compte. L'actualité nationale et internationale avec pour point
de mire la crise burkinabè ». L’ancienne ministre s’attarde
aussi sur le nouveau look du président : « «Pantalon Jean
blanc plaqué (Hé! oui!), polo manches longues gris clair et
écharpe de laine blanche nouée au cou, la haute stature de Laurent Gbagbo s'encadre dans l'embrasure de la porte du parloir
de la prison qui sert lieu de salle de réception. Je ne puis
m'empêcher de me précipiter dans ses bras ouverts en un
"atouooh" amical et chaleureux…»
L’homme n’est donc pas fini,loin de là ! Son tête-tête avec
Eric Kahé le montre amplement. L’ancien ministre porte
en effet témoigne de déclarations fortes comme celle de son
engagement à ne jamais faiblir. «En tant qu’être humain j’aurais
bien aimé jouir de ma liberté de mouvements et
profiter de la vie.
Mais du pointde vue de l’Histoire, je netrouve pas irrationnel d’être ici.
Je suis même fier d’être celuique l’Histoire a choisi pour porter
la charge du changement,conscient que chaque changement
a un prix ».
Avis à tous ceux qui le pensent fini et qui
espèrent que sa page soit tournée. Clotilde Ohouochi avoue d’ailleurs que le président a également décliné sa visionpour la poursuite du combat : «La vision du président pour la suite du combat, etc… ont étéau menu de nos discussions »
sans jamais en dire plus.
Mais ces demi-phrases sont assez claires et rejoignent d’ailleurs
ce que d’autres visiteurs ont ditplus tôt à leur retour.
A l’un, leprésident Gbagbo avait notamment
dit qu’il se croit en vacances dans cette prison, ayant
travaillé sans jamais s’offrir desvacances. Déjà il y a plusieurs
années de cela, le président Gbagbo avait également expliqué
au téléphone à ses proches que
« les blancs gèrent la honte» et qu’un « matin, ce sont eux qui vont ouvrir les grilles de laprison pour me dire de rentrer
chez moi. » En tout cas, les témoignages d’Eric Kahé et de
celui de Clotilde Ohouochi rapprochent
montrent que Gbagboest toujours à la pointe du combat
et qu’il sait qu’il va sortir de
cette prison.