Le rdr hanté par la peur de perdre le pouvoir
Amadou Soumahoro et le RDR, une désillusion du pouvoir d’etat

Il règne au RDR un esprit de tribu assiégée. Le pouvoir tant recherché et finalement obtenu au prix d’innombrables dégâts matériels et humains causés à la nation ivoirienne semble une désillusion qui fait
maintenant attribuer aux adversaires les causes des
échecs alignés par ce parti au pouvoir. Le RDR se dit visé
par des complots dont les derniers signes lui seraient
venus des témoignages «des généraux de gbagbo» à la
Cpi. «Je vous invite à suivre ces débats», a lancé samedi
dernier, amadou Soumahoro aux militants RDR, à la clôture
d’un séminaire tenu au siège de ce parti. «Vous prendrez
conscience, a-t-il averti, que ces gens-là n’ont pas changé
et qu’ils ne changeront pas. ils sont en train de se réorganiser
partout dans l’armée, dans l’administration, dans la société
civile». en dépit de «la magnanimité et la volonté »
d’alassane Ouattara de réconcilier les ivoiriens, dit amadou
soumahoro, ces ‘’généraux de gbagbo’’, dont certains ont bénéficié de la confiance du chef de l’etat, sont à la CPi pour dire des
«inepties et des mensonges». pour le secrétaire général du
RDR, le complot contre alassane ouattara devient plus
flagrant «quand le général guiai bi Poin se permet de
dire que le recomptage devrait être la solution» au
contentieux électoral de 2011.
C’est une prise de position politique d’autant inacceptable,
à son avis, que le général «se permet de dire que gbagbo
n’a jamais parlé politique avec eux». il n’en apporte pas luimême
la preuve contraire, mais habité par l’esprit
«du coup d’etat permanent», il invite ses militants, comme si
ceux-là y avaient renoncé, à réveiller en eux-mêmes les
vieux démons qui les font répondre «du tac au tac». Fautil
déduire de cet appel solennel à l’éveil des militants
que le spectacle du répondeur automatique auquel
donne souvent à assister, Joël n’guessan, porte-parole du
RDR, n’est que son auto contemplation dont la direction
du parti ne peut plus s’accommoder ?
un régime désillusionné en vérité, le régime ouattara
est désillusionné. Dans l’opposition, ils ont agi comme cet
«étranger qui traverse un village mais qui veut en être le
chef». ils ont prétendu mieux gouverner la Côte d’ivoire en
faisant une fixation sur la gestion des prédécesseurs, versant
régulièrement dans la critique facile et souvent dans
le dégriment. Sans véritablement rien proposer en
échange, alassane ouattara et ses amis ont recueilli entre
leurs mains les fruits de la guerre faite par l’onu et la
France à la Côte d’ivoire. incapable de comprendre d’euxmêmes
que la résistance de Laurent gbagbo face à la nébuleuse
dite internationale a reposé, durant les dix années
de méchanceté gratuite, non pas sur le tribalisme, l’exclusion
et l’affairisme, mais sur des valeurs républicaine qui
faisaient jouer à chaque institution son rôle dans le fonctionnement
de l’etat. ils ont pensé naïvement que la perte
de la guerre ferait des généraux FDS des poltrons à qui il
suffisait de promettre liberté et privilèges pour qu’ils déversent
à la Cpi des récits appris par coeur dans les labos du
«coup d’etat permanent». La communication médiatique et
la diplomatie au service du mensonge ont certes eu raison
de Laurent gbagbo et de son projet de refonder la Côte
d’ivoire, mais la gestion du pays par ouattara n’autorise
pas une comparaison. Le RDR a échoué non pas parce
qu’il est l’objet de conspiration comme veulent le faire croire
ses dirigeants, mais simplement parce que ce parti, dans
sa course folle et aveugle au pouvoir, n’a jamais pris la mesure
des responsabilités nationales à la tête de l’etat.
Suffisait-il pour ouattara de diviser les ivoiriens par la politique
du rattrapage, les militaires par l’existence d’armées
parallèles et la distribution des grades selon les faits
de rébellion, l’affairisme à outrance et surtout la spoliation
programmée des ivoiriens au profit d’une oligarchie spontanée,
pour que le peuple s’enchante d’être gouverné à
contre-sens ?
amadou Soumahoro sait que les témoignages
des généraux à la Cpi ne sont pas les seules menaces
que redoute le régime ouattara. Tous les piliers dont
ils se sont servis pour atteindre le sommet de l’etat montrent
des signes de craquement et ne garantissent pas un après ouattara rassurant qui pourtant se rapproche de plus en plus. Le pDCi, le
traditionnel allier, est en quête d’une indépendance quoiqu’il
tâtonne ou hésite pour l’instant à rompre le cordon ombilical
avec le RDR. Les ex-rebelles n’ont plus d’oreille pour les
services commandés à crédits, et rien ne prouve d’ailleurs
qu’ils le feront encore de la même façon qu’ils ont attaqué
Laurent gbagbo. enfin, pour augmenter l’insomnie du
pouvoir ouattara, les fonctionnaires qu’il tente de diviser en
recrutant pour le RHDp, maintiennent la pression d’une
grève après avoir déjà obtenu la reculade du gouvernement
sur la réforme du régime des retraites de la fonction publique.
La peur a changé désormais de camp et la hantise
de perdre le pouvoir grandit. et puisque le pouvoir ne sait
que faire pour s’en sortir, il fait appel aux vieilles méthodes
des complots qui ne font plus recette