Procès aux assises d’Abidjan la cour va finir le procès dans la honte

Simone Gbagbo doit être déclarée coupable des crimes contre l’humanité pour lesquels elle est poursuivie devant la cour d‘assises d’Abidjan.
C’est la plaidoirie des avocats de la partie civile faite à
l‘audience hier, l’accusant d‘être «plus calife que le calife». Pour
ces avocats, l’ex-Première Dame est demeurée trop proche des décisions prises par son époux, le Président Laurent Gbagbo.
Sans toutefois apporter la preuve matérielle de
ces allégations : «Nous ne l’avons vue sur le terrain en train de
tenir une kalach (fusil d’assaut kalachnikov, Ndlr).
Mais du point de vue men tal, intellectuel, lorsque quelqu’un est l’auteur intellectuel, c’est justement sur la base des responsabilités»,
ont-ils plaidé. De même l’avocat de l’Etat, Diomandé Vafoungbé, a indiqué que l’accusée a «a reçu 44 fois le ministre des Finances.
Son mari 13 fois. elle a reçu 37 fois le ministre de la Défense,
son mari Laurent Gbagbo huit fois. C’est dire toute la place
qu’avait Mme Gbagbo auprès de son mari. Elle se comportait
comme un chef de l’armée. elle était au coeur du système, les
unités venaient lui rendre compte».
Le contexte hostile à la défense laisse présager que le procès
pourrait s’achever aujourd’hui avec le réquisitoire du procureur
et le verdict dans la foulée. Le procès de Mme Simone
Gbagbo se poursuit donc malgré les absences de ses avocats
(les premiers et les commis d’office) et elle-même. Dans un
communiqué, Me Mintenon et les avocats de la défense estiment
que «les actes, déclarations et décisions de la cour
d’assises et du ministère public contreviennent gravement aux
engagements pris par l’etat de Côte d’Ivoire de garantir à Mme
Simone Gbagbo un procès juste et équitable». Toujours
selon eux, «le gouvernement de Côte d’Ivoire a échoué à organiser
sereinement et équitablement un procès aussi historique
que celui de Mme Simone Gbagbo pour crime contre l’humanité
et crime de guerre. La défense réclame la démission
du ministre de la Justice ou à tout le moins son limogeage et
la reprise à zéro de ce procès historique, et ce avec tous les
acteurs des faits et une véritable indépendance et impartialité
de la Justice».
Pourtant Mme Simone Gbagbo risque la prison à vie. Elle a déjà
été condamnée à 20 ans de prison dans un premier procès
pour «atteinte à la sûreté de l’etat», prononcée en 2015.