Reprise du procès Gbagbo/Blé Goudé à la CPI Lumière sur les témoins probables de Laurent Gbagbo

Si le calendrier annoncé le 6 décembre 2017 par le juge
président Cuno tarfusser est respecté, le procès du président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé
reprendra ce mercredi 17 janvier 2018, avec la déposition
du dernier témoin à charge programmé par la
procureure Fatou Bensouda pour donner les preuves des
crimes reprochés aux deux accusés. Après quoi, les
avocats des défenses du président ivoirien renversé
par la France de Sarkozy et de son co-accusé prendront
le relais avec les témoins favorables
à la libération de leurs clients.
C’est ainsi que la Cour pénale internationale
(CPI) fonctionne. C’est pourquoi,après avoir entendu
tous les témoins à charge,place sera faite aux témoins
à décharge. Mais l’énigmedans l’affaire, c’est que
jusqu’à ce jour, personne n’a aucune idée de la quantité
et de la qualité des témoins favorables au président Laurent
Gbagbo.
Dans une telle situation, l’on scrute l’horizon
et les spéculations vont bon train. Ici, sur le dossier
Gbagbo/Blé Goudé à la CPI,la question qui revient de
façon récurrente à l’approche de l’étape à conduire
par les avocats défenseurs est celle-ci :
Quelles personnalités les avocats ont-ils pu
convaincre à témoigner en
faveur des accusés ?
Question à la fois intéressante et effrayante. elle intéresse les partisans du président Gbagbo qui souffrent atrocement
dans leur chair de voir leur icône persécuté à la
CPI. elle effraie les ennemis de l’ancien président ivoirien
parce que dans la guerre faite à Laurent Gbagbo pour
installer Alassane Ouattara au pouvoir, de très hautes
personnalités politiques, diplomatiques
et militaires, au plan national comme international,
ont été fortement impliquées et pourraient accepter
de témoigner si les avocats leur font appel.
Au plan de la politique et de la diplomatie extérieures,
personne n’a encore oublié l’implication de l’ancien président sud-africain, thabo Mbeki, grâce à qui le président Gbagbo a fait usage de l’article 48 de la Constitution ivoirienne pour permettre à
Alassane Ouattara de contourner son inéligibilité à
la présidence de la République ivoirienne. Que sait et
que pense thabo Mbeki de cet l’homme d’etat qui a tant
oeuvré pour la paix dans son
pays et qui se retrouve accusé d’avoir créé plutôt «un
Plan commun et une organisation
criminelle» pour massacrer
son peuple ?
Personne n’a oublié non plus l’implication de l’ancien Premier
ministre togolais, Joseph Kokou Koffigoh,
principalement dans l’observation du déroulement de la
présidentielle ivoirienne de 2010.
Chef de la mission des observateurs de l’union africaine à ce scrutin qui a débouché sur la reprise de la
guerre par Ouattara, ses rebelles et leurs soutiens français,
M. Koffigoh a produit un rapport professionnel et
circonstancié sur les évènements.
Mais l’union africaine qui l’a mandaté en Côte
d’Ivoire a préféré froisser son rapport pour cautionner la
tuerie des Ivoiriens. et parce qu’il n’a jamais accepté le
sort injuste fait à Laurent Gbagbo, le chef de la mission
d’observation de l’uA a co-inité, avec l’écrivain planétaire
Bernard B. Dadié, la pétition internationale qui a
recueilli plus de 26 millions de signatures à travers le
monde pour la libération de Laurent Gbagbo. Appelé
par les avocats à la CPI, comme le prévoient aussi
les échos entendus ça et là, M. Koffigoh pourrait avoir un
témoignage fort poignant en faveur du président
Gbagbo. Mais sur ce terrain de l’observation de l’élection,
d’autres personnalités pourrai ent s’ajouter à Koffigoh,
en provenance des missions d’observateurs de
la CeDeAO, de l’union européenne et/ou des nombreuses
ONG qui ont effectivement ouvert les yeux sur les évènements montés de toutes pièces à
ces élections ivoiriennes pour piéger Laurent Gbagbo
et son régime.
Au plan militaire et à l’intérieur du pays, l’ancien chef
rebelle, Guillaume Soro Kigbafori,
devenu Premier ministre de Laurent Gbagbo et
qui a organisé ces élections à problèmes, pourrait être
réclamé à la CPI pour dire s’il a effectivement vu le chef
de l’etat ivoirien monter
«un plan commun et une organisation criminelle» pour massacrer les Ivoiriens.
Bien entendu, en Côte d’Ivoire,dans le procès similaire qui
a vu l’acquittement de Mme Simone ehivet Gbagbo,
épouse du président ivoirien et souffre-douleur du régime
Ouattara, les avocats de l’ancienne Première Dame
avaient exigé, en vain, la déposition
de Guillaume Soro.
Mais à la CPI, une telle demande pourrait produire un
autre effet.
De plus, au plan militaire extérieur, les spéculations
font croire que certains hauts responsables des
forces françaises Licorne pourraient répondre à l’appel
des avocats des défenses. Car, quelques
officieux généraux ou supérieurs
de ces forces françaises déployées en Côte
d’Ivoire comme forces d’interposition
mais transformées en guerriers
belliqueux contre le régime du président Gbagbo, ont
écrit des livres-témoignages poignants sur la crise ivoirienne à la fin de leurs missions dans l’armée française.
A la CPI, ils pourraient constituer des témoins très
précieux pour les avocats
des défenses.
De tout ce beau monde, le constat est net qu’Alassane
Ouattara et ses soutiens, notamment Fatou Bensouda,
n’ont appelé personne comme témoin à charge.
Même Youssouf Bakayoko,
le président de la Commission électorale indépendante
dont une immense partie de l’opinion nationale
pense qu’il est pour quelque chose, lui aussi, dans la
guerre faite à la Côte d’Ivoire, n’a pas été du tout
appelé comme témoin à charge. Or, c’est M. Bakayoko
qui s’est retrouvé tout seul au QG de Ouattara,
escorté par les ambassadeurs de France et des uSA
au moment des faits, pour proclamer des «résultats
hors délai», mais surtout à l’insu des autres membres
de la CeI.
D’ailleurs, pourquoi Sarkozy et l’ONu ont-ils
regroupé toute la direction du RHDP (Rassemblement
des Houphouéistes pour la Démocratie et la Paix) à l’Hôtel
du Golf une fois les élections
terminées ?
Qu’est-ce qu’ils y préparaient ?
Pourquoi Sarkozy et l’ONu ont-ils
jugé «injuste» le recomptage
des voix proposé par Laurent Gbagbo pour éviter
que des Ivoiriens soient tués pour une question
électorale ?
Pourquoi n’y a-t-il pas eu de désarmement des rebelles
avant la présidentielle
ivoirienne ? Que s’est-il passé au Nord, fief de Ouattara,
le jour du vote, au deuxième tour de la présidentielle
? Sur les bases de quels procès verbaux validés
par le bureau de la CeI M. Bakayoko a-t-il annoncé
ses chiffres appelés «résultats » ?
Autant de questions qui pourraient être fatalement
abordées, au désarroi de l’accusation qui ne voulait
pas en entendre parler mais qui a déjà été
contrainte de de les aborder
avec ses propres témoins à charge. enfin, selon les informations obtenues de sources judiciaires
en Côte d’Ivoire, le président ivoirien renversé,
bien qu’accusé, pourrait être lui-même appelé à la barre
comme témoin de ses propres actes. Depuis le début
de la procédure, en dehors de sa déclaration à la confirmation des charges, le président
Gbagbo assiste, impuissant, à l’étalage des
mensonges et des ignorances
des témoins dans l’interprétation des actes de
gouvernance et des décrets qu’ils signait pour faire fonctionner le pays. Il est donc nécessaire qu’il soit directement
interrogé pour expliquer ses propres actes. Si
cela est possible et appliqué à ce procès, de grandes vérités
vont y éclater !
A l’observation, si ces témoins dont la présence est
annoncée réponde à l’appel des avocats, la CPI risque
d’exploser de honte et d’opprobres,
après les graves révélations déjà faites par le
journal français en ligne, Médiapart,
en même temps que onze autres journaux
européens partenaires, depuis le 5 octobre 2017.
Grâce à ce journal français et à ses alliés qui ont compulsé
plus de 40.000 documents sur le dossier ivoirien,
les magistrats de la CPI et le monde entier sont informés,
notamment, que dès le 10 décembre 2010, des diplomates
français, à la solde de Nicolas Sarkozy, depuis
l’elysée (palais présidentiel français), ont échangé des
courriers électroniques avec Luis-Moreno Ocampo (procureur de la CPI au moment des faits) et Alassane Ouattara, demandant de tout faire pour mettre la main sur le président Gbagbo et de le retenir captif pour le compte
de la Cour. Le 10 décembre 2010, il n’y avait encore aucune
guerre postélectorale en Côte d’Ivoire, aucun
«crime contre l’humanité»
n’était perpétré, en dehors de ceux de la rébellion montée
par Ouattara en septembre 2002 (dixit le chef rebelle
Koné Zakaria). De ce fait, il n’existait aucun début d’enquête
ou de mandat d’arrêt de la CPI contre personne
dans notre pays. enfin, il ne pouvait en être autrement
puisque la Côte d’Ivoire n’était pas encore signataire
des Statuts de Rome qui fondent
la CPI.
Pour tout dire, avec les témoinspressentis en faveur
du président Laurent Gbagbo et de Charles Blé
Goudé, le procès de Laurent Gbagbo pourrait s’emballer
et se transformer en un très sale jugement contre la CPI
: Cette institution judiciaire internationale, intelligemment
pensée et créée pour civiliser le monde et sécuriser
les populations contre les dictatures sanguinaires,
est transformée sous nos yeux en un instrument de répression contre les présidents
africains souverainistes.
A la CPI, neuf dossiers sur dix jugés sont
africains. Des Africains ‘’vendus’’ et ‘’idiots’’ se laissent
persuader que c’est la faute à leur continent. Ils refusent
d’ouvrir leurs yeux et leur cerveau pour constater que
la CPI est en vérité aux mains des puissances d’argent.
De vrais brigands qui la prennent en otage pour
exploiter les peuples pauvres
et sans défense, spécialement en Afrique.