Yamoussoukro en souffrance comment ouattara a trompé les parents d’houphouët

Yamoussoukro est-t-elle encore la capitale politique
et administrative de la Côte d’Ivoire ?
Une question qui mérite d’être posée au regard de l’état de léthargie dans lequel est replongée la Cité des Lacs depuis la chute du Président
Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Le vrombissement des
bulldozers, des niveleuses et autres engins de génie civil a
fait place à un silence de cathédrale brisé par le gazouillis des
oiseaux ou le meuglement de quelques boeufs qui broutent
l’herbe abondante des chantiers laissés à l’abandon. Le
rêve du président Houphouët de faire de sa ville natale le centre
de décisions de la Côte d’Ivoire est-il définitivement enterré ?
«La première nuit que j’ai passée à Yamoussoukro, c’était
pour recevoir John Kuffuor. Je suis passé devant la maison
d’Houphouët-Boigny, mais il n’y avait même pas d’électricité, il
n’y avait pas d’eau. Tout était noir. Au premier étage du palais
que j’habite, le plafond s’écroulait,
la résidence était dans la brousse. J’ai dû engager une
entreprise chinoise pour venir couper les herbes. C’est
comme ça que j’ai trouvé Yamoussoukro.
Il n’y avait personne dans les maquis, ni dans
les restaurants. Après le départ de Kuffuor, j’ai réuni tous les experts
de la construction pour leur demander combien ont
coûté les bâtiments construits à Yamoussoukro, mais on n’arrivait
pas à me faire le point. Si on a dépensé tant de milliards de
FCFA pour construire Yamoussoukro,on a voté une loi pour en
faire la capitale et qu’on ne vient pas l’utiliser, tout cet argent est
jeté à l’eau. Mais, comme je ne veux pas jeter l’argent de la
Côte d’Ivoire à l’eau, j’ai fait une conférence de presse pour dire
que la capitale vient à Yamoussoukro et j’ai pris un décret pour
transformer la résidence d’Houphouët
en musée», déclarait le président Laurent Gbagbo à la
Place Jean-Paul II de Yamoussoukro,en 2010, au cours d’une
grande rencontre qu’il avait eue avec les populations de la capitale
politique, pour justifier les travaux qu’il entreprenait dans
le cadre du Programme spécial de transfert de la capitale à Yamoussoukro (PSTCY).
Laurent Gbagbo avait à coeur de poursuivre le rêve du père
de la Côte d’Ivoire moderne de faire de Yamoussoukro la capitale
politique et administrative de la Côte d’Ivoire en la dotant
de toutes les institutions républicaines,
symboles de l’Etat et du pouvoir. Il y a fait bâtir dès 2003
l’Hôtel des Députés et procédé ensuite aux travaux du prolongement
de l’autoroute du nord et au lancement d’autres chantiers,
notamment la construction de la Zone administrative et politique,
le quartier de affaires,mais aussi l’Assemblée nationale
et la Présidence de la République,dont la livraison était
prévue pour 2011-2012. Instruction avait été donnée aux différents
ministères de lister les directions et services qui devaient
être progressivement transférés à Yamoussoukro. Les
opérateurs économiques s’en frottaient déjà les mains. Ceux
du secteur de l’immobilier devenaient plus actifs. Les maquis et
restaurants avaient retrouvé des couleurs. Mais, le rêve a pris fin,
brutalement, avec le dénouement terrible de la crise postélectorale
et la prise du pouvoir d’Alassane Ouattara.
Le candidat du RHDP, le mouvement des houphouétistes
pour le démocratie et la paix,avait au cours de la campagne
de 2010, promis de parachever
le transfert de la capitale et annoncé
dans le chapelet des
promesses de pluies de milliards,une enveloppe de 1.000
milliards de francs CFA pour Yamoussoukro.
Sept ans après,c’est la totale désillusion. «En
dehors de la cérémonie d’investiture qu’il y a organisée en mai
2011, Alassane Ouattara n’a posé aucun acte significatif en
faveur de Yamoussoukro», maugrée un cadre de la région, qui
dissimule mal sa déception et sa colère devant l’état d’abandon
dans lequel se trouve aujourd’hui cette ville. A moins
d’évoquer la cérémonie d’inauguration
de l’autoroute du nord,le 11 décembre 2013, et la visite
d’Etat qu’il a effectuée dans la Région du Bélier dès le lendemain,
Alassane Ouattara n’a rien apporté à Yamoussoukro.
Pis, il a pris une ordonnance en janvier 2012 pour dissoudre le
Programme spécial de Transfert de la capitale à Yamoussoukro
créé par son prédécesseur.
Déjà confrontées au mépris d’Henri Konan Bédié qui avait
réorienté les projets de développement vers Daoukro, sa ville
natale, et Pepressou, son petit village, les populations de Yamoussoukro
digèrent mal ‘’l’ingratitude’’ des héritiers du Vieux
qui ont fait de ‘’l’houphouétisme’’un fonds de commerce.
«Ils se réclament d’Houphouët quand ça les arrange. En les
voyant agir ainsi, Le Vieux doit se retourner dans sa tombe !»,
lance un militant de base du PDCI, très remonté contre les
dirigeants du RHDP. C’est peutêtre Laurent Gbagbo qui exprime
au mieux les ressentiments de ces mécontents
: «Ceux qui mangeaient dans la main d’Houphouët et
qui l’appelaient Nanan, ils n’ont pas fait cela, mais Dieu les
voit».
Pour l’heure, retenons que Alassane Ouattara n’a pas été sincère
avec les populations de Yamoussoukro quand il promettait
en faire sa ville de résidence.Lui et tous les héritiers
autoproclamés d’Houphouët ont d’autres chats à fouetter.